De notre écrivain fantastique, Cark Chappuis
C’est dimanche matin et Johnny Rapto décide d’aller se promener non loin de la capitale fédérale pour y chasser des champignons. Dans la forêt teintée de couleurs automnales, notre Johnny Rapto sent que la journée sera belle. En effet, le soleil est au rendez-vous et il sait que cet endroit est le bastillon des champignonneurs helvètes.
Il rencontre alors sur son chemin un grand gaillard, que nous appellerons Hans-Schupf de Busstadt. Hans-Schupf effraie un peu notre Johnny Rapto, mais celui-ci est rapidement rassuré par ses deux petites voix intérieures qui l’encourage à croire que tout se passera bien. Hans-Schupf se rapproche alors et vient au contact. Scélérat ! Viendrait-il nous piquer nos champis ? Piqué à vif, Johnny répond du tac-à-tac. Il le bouscule, le fait douter. Mais le gros Hans-Schupf est solide et baragouine quelques mots dans un langage étrange, qui ne présage à priori rien de bon. Hop hop, il nous chipe quelques mycètes. Mais Johnny Rapto ne l’entend pas de cette oreille ! Il change de coin et tente de le prendre par surprise. Ça marche ! Malheureusement, le bougre à la langue bizarre réplique : son expérience et sa grandeur parlent en sa faveur. Il se met néanmoins à douter quelque peu, mais ne tremblera pas. Il repart avec plus de champis que Johnny Rapto, mais ce-dernier est néanmoins satisfait de la belle opposition qu’il a su offrir.
Un petit peu plus tard, il voit à l’horizon un autre bonhomme errant nonchalamment dans les bois. Il ne semble pas bien costaud mais il a un sac un peu plus rempli que celui de Johnny. Trop en confiance, ce-dernier s’approche sans vraiment bien se préparer. Il sait qu’il va trouver plus de trésor que ce type-là. Bah oui, Johnny a pris de l’expérience et il sait reconnaitre les bons endroits. Et surtout, il sait comment repérer les indices qui l’amènera à remplir facilement son cornet. Mais l’étranger, Jürg Mels, est intelligent. En moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire, celui-ci a déjà dans ses mains deux magnifiques bolets. Voyant cela, Johnny Rapto se dit au fond de lui : « Mais ! S’il a pu en avoir deux, c’est qu’ils sont certainement tombés du ciel ! Je vais donc attendre ici et ouvrir ma besace pour que cela se remplisse tout seul et sans peine ». Que nenni !! Jürg Mels est un bosseur et continue sa récolte, pendant que notre bon vieux Johnny reste là, sans réaction. Et avant même qu’il ne put s’en rendre compte, la nuit tombait et signifiait déjà la fin de la récolte.
Johnny Rapto regarde alors au fond de son sac, et s’aperçoit qu’il n’y a même pas de quoi se cuisiner une croûte aux champis. Résigné, il retourne à sa voiture et se rend compte que l’addition est salée. « Promis, dit-il, je vais apprendre de mes erreurs et je m’y prendrais mieux les prochaines fois ! ». Voilà qui est dit. Espérons qu’il tiendra ses promesses.